PUCEAU - JULIEN ESTIVAL (CD)

Puceau, ou le petit traité de l'insouciance. Et pourtant, Julien Estival en a vu, et connu, bien d'autres. Rompu aux joutes subtiles du bon mot, mis en musique comme on s'habille pour un premier rencard, tiré à quatre épingles, mais tout palpitant, seul ou à plusieurs, sur une guitare ou emporté par un groupe toujours impeccable, Julien Estival a goûté à tout et bu à toutes les lèvres, pourvu qu'elles soient douces. Les femmes, toutes les femmes, séduisantes, vénéneuses, faciles ou inaccessibles, fort brillantes ou juste amantes, ont nourri des années d'écriture faussement crédule, parfois crue, souvent décalée, toujours tendre. Justement, une femme, et pas des moindres, a jeté l'encre sur ce nouvel album : la romancière Cécile Coulon – le temps d'un duo plein de malice sur le titre Je compte sur mes doigts, ou pour prêter sa plume à Byactol blues, où elle effleure en douceur la souffrance de l'adolescence. A l'âge où les autres s'interrogent sur quelques concepts, ou se reposent sur la vague, Julien Estival abandonne les cordes, les guitares sèches et les chœurs qui ont habillé son adulescence, pour revêtir un habit de lumière 100% synthétique, idéal pour retourner vers le futur des années 80, où se croisent le jeune Souchon, le Jonasz intime, le Lavoine briseur de cœurs. Mais pas question d'oublier les chansons au passage. Ici, on appelle un cul un cul, et de vraies mains descendent sur les hanches des danseuses pour, au pire, prendre un bon râteau, au mieux, goûter aux sucs de l'amour, vite fait ou bien fait, c'est selon. Directe ou caressante, sexy et rentre-dedans, les chansons de l'artiste sautent ainsi d'une pure expérience new-wave au balancement d'un cha cha cha, d'un hymne pop sans faux semblant à une tendre déclaration d'amour.